L’étrange mobilisation des étudiants
Pour avoir suivi de près les mouvements étudiants de cette rentrée 2007, j’ai été frappé par une chose inhabituelle. Les premières AG, il y a quelques semaines, ne promettaient pas la mobilisation qui est en train de prendre forme. Quelques centaines de « décompo. », pour reprendre un verbiage très syndical, se réunissaient en amphi et votaient, bière à la main pour une grève sans objet ni revendication. Bref, personne n’aurait misé une cacahuète sur ce début de mobilisation, les syndicats étudiants avaient d’ailleurs pris le parti de négocier tout ce qu’ils pouvaient pendant les vacances, convaincus que ni la loi (trop retord), ni le contexte ne permettrait une mobilisation de rentrée. Et puis voilà, menées par une poignée d’énervés les premières AG apparaissent à Rouen, à Rennes, un peu partout, de semaine en semaine les amphis se remplissent et l’on passe de 200 à 2.000 sans avoir clairement identifié une revendication. Et c’est là le plus étonnant, le vrai ciment de la mobilisation n’est pas le rejet d’une loi, suffisamment obscure pour que personne ne s’y retrouve, le vrai ciment c’est l’énervement. A l’image des émeutes ou révoltes dans les quartiers en 2005 où la jeunesse avait fait exploser sa colère sans être capable de formuler une demande, ce mouvement est avant tout l’expression d’une jeunesse en colère. Une colère compréhensible car la jeunesse de France en plus d’être promise à un avenir moins bon, d’être sous représentée dans les sphères d’influence, est de toute la jeunesse d’Europe, la plus frappée par le chômage, la plus exploitée par les stages. Bref, une jeunesse qui depuis 2 ans ne décolère pas et désespère d’être enfin entendue.