Il faut des Etats Généraux de la jeunesse
Pour la petite histoire
Il y a 18 mois, je lançais avec TOC, « l’appel des jeunes ». L’idée était de mettre en perspective les différents mouvements qu’il y avait eu dans la jeunesse durant l’année : les « émeutes de banlieue », le mouvement lycéen – malgré une faible ampleur, jamais, depuis les années 70, on avait connu un mouvement aussi radical - , la grève des stagiaires – une première mondiale, il faut dire qu’en France ils sont 1 million chaque année – et, évidemment le mouvement anti-CPE. Il fallait unifier ces mouvements pour dire que la jeunesse de France va mal, pour dire qu’elle était, dans ce pays plus qu’ailleurs, déconsidérée et mal traitée. À l’époque la FIDL, principal syndicat lycéen, Génération Précaire, organisatrice de la grève des stagiaires, et Devoir de Mémoire, à qui l’on doit la campagne d’inscription sur les listes électorales en banlieue, avaient signés. Du côté étudiant, en pleine tourmente dans la bataille du CPE, ça avait été plus compliqué. La LMDE – principale mutuelle étudiante - avait signé mais pas l’UNEF. Unis dans leur combat avec les syndicats salariés, ils n’avaient pas souscrit à une lecture générationnelle des événements, au vu de leur victoire, l’Histoire semble leur avoir donné raison.
Une sortie pour la mobilisation
Aujourd’hui, on le voit dans les AG, la mobilisation ne porte pas que sur la loi, elle exprime un mal être qui va au-delà. C’est là que réside toute la difficulté à transformer le mécontentement en revendication. Au moment du CPE, le mot d’ordre était simple et claire, le « retrait », aujourd’hui on ne le comprend pas et pour cause ; plus qu’une loi, ce sont les conditions de vies des étudiants qui font le terreau de cette mobilisation. Du coup, les organisations étudiantes, l’UNEF en tête, ne sont ni habituées, ni préparées à porter un mouvement pareil. C’est pourtant là qu’est le défi, réussir à parler au nom d’une génération, faire les liens avec ses mouvements qui ont, au fil des mois, conduit toute la jeunesse de ce pays à descendre dans la rue, un jour les Lycéens, un jour les jeunes des quartiers, un aute les stagiaires, ou encore les étudiants, plusieurs jeunesses ? non, la même. Quoi que nous disent les médias, il faut être stupide ou de mauvaise fois pour faire des différences, comme si les jeunes des quartiers n’étaient pas lycéens, comme si les étudiants n’étaient pas stagiaires. Il n’y a qu’une seule et même jeunesse dans ce pays, celle à qui l’on a promis un avenir pourri sur une planéte au bord de l’explosion, celle à qui l’on demande même à 35 ans des cautions parentales pour acheter une bagnole, celle qui sait qu’après ses études il faudra pendant 2 ou 3 ans se donner à fond dans des stages payés au mieux 380 €, celle qui à du mal à joindre les deux bouts et qui aimerait bien que la France s’intéresse à elle autrement qu’en la traitant de racaille ou de sauvageons. Alors, puisqu’il faut faire entendre cette voix, peut être faudrait-il profiter de cette mobilisation pour demander des Etats Généraux de la jeunesse. Quelque soit l’issue de cette revendication, elle aurait le mérite de poser une bonne fois pour toute le problème de la place des jeunes dans un pays de vieux.