Bayrou dans le Canard Enchaîné

Depuis la semaine dernière un bruit court dans les rédactions, comme le bruit s'amplifie je profite du blog pour vous en faire part : demain le Canard Enchaîné sort une affaire sur Bayrou. Après Sarko et le couple Royal, c'est au tour du nouveau chouchou des sondages. Aux dires de certains, l'affaire devrait être plus grosse que les deux précédentes qui n'ont pas fait beaucoup de bruit. Qu'en penser si ça s'avère vrai ? c'est bien normal que la presse fasse ce boulot ! ça va finir par faire le jeu de Le Pen (dont les affaires sont si énormes qu'on finit par les oublier) ! mais, c'est dingue, y'a pas un homme politique clean dans ce pays !!!!!

Comments

[Pensée libre]

Tous deux interessants ! Comme Marc je crois que l presse à toujours soulevés des crises politiques et provoqués même meurtre ou suicide sous la 3è, la 4è et la 5è républiques.
Actuellement la mode est au people : où est passé le temps où Match était un journal d'information et non de remues des amours ou vêtements de tels ou tels !
Il faut faire du chiffre et vendre n'importe quel contenu.
Peut-être qu'il n'est pas pour rien que nos médias papiers chutent ils ne savent plus s'adapter à l'époque et faire du journalisme alors ils raclent dans les poubelles.

[Marc Villemain]

Je suis absolument navré de réveiller tant de traumas et autres souvenirs pénibles... ! Et non, définitivement non, je ne suis pas professeur : ni les diplômes, ni la vocation.

D'accord avec vous : faisons le deuil d'une définition universelle du journalisme ; je ne la cherchais d'ailleurs pas dans mon commentaire. Simplement peut-on au moins s'accorder sur le fait que le journalisme tel qu'on le pratique désormais ne peut satisfaire personne. Potins, buzz, hyper-transparence (c'est-à-dire, au fond, fantasme policier), mélange des genres, confusion des hiérarchies etc... : je ne vois là aucune vertu propre à honorer la démocratie.

"Trouver des casseroles à Bayrou", dites-vous : c'est une chose ; aller lui en chercher en est une autre ! Or, à ce jour, nul ne lui en a trouvé (ce qui ne signifie pas qu'il ne puisse pas en avoir) ; en revanche, d'aucuns, si possible démocrates et mieux encore de gauche, s'efforcent de lui en trouver : c'est autre chose.
Or, précisément, que des filateurs et autres espions du tube cathodique se mettent en chasse, voilà qui ne surprendrait personne ; qu'une presse peu ou prou respectable se lance dans la filature en est une autre. Comprenez bien que la différence que je soulève ici est vraiment de nature : d'une part répercuter une information, la vérifier, la recouper, la discuter, la confronter, de l'autre la déterrer, la gonfler, voire la créer.
Je ne suis pas rassuré, non, quand la presse de gauche est à ce point aux abois qu'elle se contente de débusquer l'adversaire, de le provoquer, délaissant son possible apport à la doctrine ou au renouvellement des idées.

Enfin, il va de soi que mon commentaire n'invitait nullement à la retraite, mais à la distance. Or si la presse n'en est pas capable, comment pourrions-nous l'être ? La "critique active du présent", injonction que je reprends de votre texte et à laquelle j'adhère moi-même "activement", ne saurait être confondue avec le simulacre de vérité que l'on nous vend pour de l'information.

Je vous en salue en retour, sensible, à chaque fois, à votre intérêt pour mes modestes saillies, ainsi qu'à votre cordialité.

MV

[Alex]

Cher Marc Villemain. Je vais décidémant finir par être sûre que tu es prof en classe prépa, tellement tes discours font remonter des vieux traumas.
On peut tirer les enseignements du passé, lire des livres mais garder un oeil sur le monde présent et la façon dont on le traite, de façon critique.
Tu remets le doigt sur la plaie qui fait bobo depuis 1801...Quels sont les devoirs et le rôle des journalistes? Je considère qu'aujourd'hui, les médias, du moins pour la France, se tiennent bien mieux qu'avant...Sous la République des Affaires (la III), les journaux importants faisaient bien plus dans le style "Paris-Match" que "Magazine Histoire"...
Trouver des casseroles à Bayrou, ce n'est pas plus choquant que ça selon moi (ou alors je suis déjà bouffée par le système). Quand à Le Pen, les siennes bourrinent et cling cling tellement depuis longtemps qu'on en est devenu sourd...
Pour resumer je prône une approche d'ensemble pour le respect de la Chose du Peuble: oui à l'histoire, oui à la littérature mais oui aussi aux journaux et à la critique active du présent (journaux sans lesquels beaucoup d'historiens du XIXe siècle n'auraient pas de sources).
Je vous salue M. Villemain et apprécie toujours autant vos rares interventions.

[Marc Villemain]

Une solution : ne plus lire la presse. Lire des livres, étudier l'histoire, et voter en conscience (en conscience, c'est-à-dire en sachant qu'aucun homme n'est infaillible, et que chaque fois qu'un pays ou un électorat confond morale et politique, il sombre dans le nauséabond). Ne pas chercher dans l'écume des pages quotidiennes les raisonnements dont nous avons besoin pour aujourd'hui et qui s'avéreront périmés demain.

Tout de même, n'y a t-il pas quelque chose d'un tout petit peu louche (euphémisme...) dans le grand divertissement journalistique qui consiste à s'intéresser à une personnalité dès lors qu'elle atteint à une certaine notoriété ? "Le Canard" est ici concerné, mais cela vaut pour tous. Que ne nous ont-ils pas alertés plus tôt, quand les sondages n'étaient pas ce qu'ils sont, sur les faiblesses humaines, déontologiques ou historiques de tel ou tel ? Pensons-nous sincèrement que la démocratie a quelque chose à gagner aux déballages, avant même (cela va de soi...) qu'aucune action en justice n'ait été engagée ? Je ne veux pas d'une presse qui supplée aux pouvoirs d'investigation de la police. La presse n'est pas là pour "révéler" mais pour informer et pour nous aider à débrouiller le maquis des micros-informations planétaires et quotidiennes. Qu'elle soit partisane ou inféodée est une chose, qu'elle tente d'influer sur les opinions de son lectorat en s'érigeant en grande vertueuse en est une autre...

Mon cher Arnauld, on ne peut à la fois se réjouir que la presse "fasse son boulot" (mais justement, c'est la définition de ce boulot qui est à repenser) et déplorer concurremment que Le Pen y puise ses voix. Laissons donc "Le Canard" nous dire ce qu'il a à nous dire (sans en faire un buzz...), laissons ensuite les accusés répondre, et éventuellement la justice trancher.

Mes amitiés "res-publicaines"... Marc Villemain
("On n'est pas toujours d'accord, mais c'est un vieil ami... !)

[Antoine]

peut-être que ça va faire dégonfler un peu les sondages. ça ne me serait pas désagréable...